10 du mois : La leçon de poésie
- Par Mary Leviandier
- Le 10/09/2017
- Dans Lifestyle
- 4 commentaires
Tous les 10 du mois je participe au rendez-vous de ma copine Claire du blog Egalimère.
A partir d’un thème commun, les participants donnent leur vision personnelle du thème.
Ce mois-ci le thème est : La leçon de poésie
Ça aurait pu être juste un souvenir, juste une leçon. Ma première poésie résonne encore dans ma tête.
J’avais 5 ans pas tout à fait 6. J’étais au CP et l’institutrice Madame Klein est restée gravée dans mon esprit. Elle était âgée, aimait la discipline. Elle criait mais elle était toujours juste, sévère mais droite. Elle m’a appris à lire, à aimer les mots, elle m’aidait quand je n’y arrivais pas.
J’ai depuis récité par cœur et avec émotion ces quelques mots (plus une comptine qu'un poésie) :
Quelle heure est-il ?
Il est midi.
Qui vous l'a dit ?
La petite souris.
Où donc est-elle ?
Dans la chapelle.
Et que fait-elle ?
De la dentelle.
Et pour qui ?
Pour les dames de Paris
qui portent des souliers gris,
Bon Appétit !
Aujourd’hui, encore je la récite, amusée et nostalgique. L’odeur de la classe resurgit soudainement, le bruit des crayons dans ma trousse, le cahier de texte, ces petites choses qui semblent être « des petits riens » lorsque nous les vivons et qui se chargent d’émotion avec le temps.
Ces doux souvenirs font aussi monter en moi cette tempête intérieure. Il y avait Mme Klein en CP mais il y a eu aussi Mme G. (celle dont on ne prononce pas le nom, un peu comme Voldemort) en CM2. Triste CM2. Mme G. était hystérique (j’ai appris ce mot bien plus tard) et acariâtre. Elle m’a prise en grippe au début de l’année et me tirait les oreilles lorsque je ne comprenais pas. Je sens encore la chaleur se diffuser dans les cartilages de mon oreille, et l’humiliation, tous les regards des autres enfants dirigés vers moi. Elle me soulevait de ma chaise en me tirant par l’oreille. Elle a laissé à mes années de primaire un goût amer d’injustice. Je n’en parlais pas à mes parents, car tout était de ma faute, j’étais coupable de n’avoir pas compris cette fichue leçon de géométrie.
Il y a quelques mois, j’ai essayé de la retrouver pour lui dire ce que j’avais sur le cœur, combien elle m’avait fait perdre confiance en moi, et combien de cauchemars j’ai fait en pensant à elle. J’aurais aimé lui dire tout ça , mais je ne l’ai pas retrouvé.
Chère madame Gour…
Chère madame …Vers,
Ton nom sonne comme une averse.
Mes oreilles se vexent
Dès que je pense à toi,
Il faut dire qu’elles ont été maltraitées,
Tiraillées, incommodées, fragilisées,
Car tu les as trop bien souvent tirées et maltraitées !
Mes pieds se décollaient du sol,
J’ai passé des heures à pleurer en classe,
J’ai passé des années à te haïr,
Et tu vois aujourd’hui encore je ne t’oublie pas…
J’ai encore ton parfum dans mes narines,
Lorsque subitement tu t’approchais de moi,
Et que de ta main rude et grossière,
Tu tirais mes oreilles me soulevant de tout mon poids.
Je sais toujours pas si elle avait droit de me faire ça, mais c'était au siècle dernier (ça fait bizarre de dire ça mais c'était en 1986) et ça aurait été certainement différent aujourd'hui. J'y pense souvent même si je sais que ça ne changera rien. À l'époque, tout le monde savait mais ne disait rien... Je préfère garder dans mon coeur le souvenir de Madame Klein et laisser la méchante Madame G. dans un coin.
Commentaires
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- 1. Pa'Man! C'est une longue histoire... Le 13/09/2017
Comme tu as du souffrir... <3 ton billet est très émouvant... -
- 2. Egalimère Le 10/09/2017
Wouaw, tu as dû être bien mal à l'aise toute cette année avec Mme G. J'espère qu'avoir rédigé ces quelques lignes a permis d'exorciser un peu ce mauvais souvenirs et de garder en tête la merveilleuse Mme Klein-
- Mary LeviandierLe 11/09/2017
Oui, ça fait déjà un moment que je voulais écrire sur elle... j'y pense souvent ! ça m'a fait du bien de le raconter ici !
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- 3. cecile Le 10/09/2017
Bonjour,
J'ai aussi eu un instit qui maltraitait les enfants, mais en CM1. Comme tu dis, à l'époque c'était pas encore totalement anormal. Il n'avait personne en grippe en particulier, mais tout les élèves y passaient occasionnellement. Il lançait aussi les cartable dans l'allée, les faisant se vider de leurs contenu, quand il butait dessus...
Il a fini par être interdit d'enseignement, je l'ai su il y a quelques années par d'ancien camarades de primaires... Il aurai eu le geste de trop.
C'est dommage que les tristes souvenirs prennent le pas sur les bons.
Merci pour ces poésies
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