Se retourner vers l'essentiel

Assise dans l’Eurostar, voiture 10 place 22, j’aperçois la lumière au bout du tunnel. Les larmes sont au bord de mes paupières. Ce voyage est étrange et lourd de sens. Une escapade nécessaire comme une fuite pour mieux revenir. Mais ça c'est une autre histoire.

J’ai tellement envie de vaincre cette morosité ambiante, comme si en quelques jours tout s’éteignait. On arrête de s’étreindre, de s’embrasser. Je traverse le tunnel sous la Manche pour rentrer en France en ruminant les actualités anxiogènes, on ferme tout... Il y a tout juste 4 ans tout s'écroulait autour de moi et j'essaie de me convaincre, je me dis qu'encore une fois on se relèvera, du moins on fera notre possible.

©CreditMike Ellis

On se relèvera tous mais on sera différents. Il est peut être temps de se retourner vers l'essentiel. Ces derniers jours j'ai vu la solidarité et l'individualisme. L'effet papillon et son contraire. J'ai vu des gens anxieux s'inventant des maladies ou des toux chroniques pour passer prioritaires. J'ai vu les rayons vides de pâtes alors que je n'avais pas fait mes courses. Sur le coup j'étais fâchée parce que j'avais peut-être juste envie d'hurler et de faire sortir ma fatigue. Et puis maintenant cette bande d'égoïstes individualistes s'est tournée vers la pharmacie et les stocks de paracétamol. La peur est légitime mais arrêtons d'être débiles...

Ça ira, on survivra à tout ça... du moins j'espère. Mes filles sont seules à la maison une partie de la journée, ce sont des Warriors et même des Survivor (capables de se nourrir de puddings et de carrés de chocolat aux noisettes) ! Il faudra juste une fois la crise passée que je leur fasse passer un contrôle de leur cholestérol et glycémie...

Et puis, il y a toujours cette question du lendemain. Les nuits blanches s'allongent alors que mon fil d'actualité des réseaux sociaux m'invite à lire, à procrastiner comme jamais, à flâner devant netflix avec une franche inconscience... Comme si c'était un jeu. Heureusement certains offrent leurs services, aides, appellent à la solidarité ou me font sourire avec de jolies photos. Clairement, ce n'est pas la fin du monde mais soyons tous droits dans nos bottes, nous aurons bien le temps de vivre et de profiter de la vie après.

Alors oui, chaque matin, le réveil est dur avec une charge mentale qui s'alourdit. Pourtant nous ne sommes pas seuls, nous devons avancer ensemble. 

À bien des égards, le bonheur, la paix et l'amour de la plupart des gens sont hypothéqués par des situations extérieures : s'il fait beau vous êtes heureux, si vous recevez un tas de mauvaises nouvelles vous êtes en colère... Mais la qualité de vie ne concerne pas ce qui vous entoure. Notre capacité à vivre joyeusement ici ne dépend pas de la taille de la maison dans laquelle nous vivons ou de la voiture que nous conduisons. Ces choses rendent notre vie confortable et pratique, mais la qualité essentielle de notre vie est de savoir comment on se sent vraiment. Je muscle mon bonheur un petit peu plus chaque jour !
Vivre joyeusement et paisiblement n'est pas nouveau, c'est la façon dont nous vivions lorsque nous étions enfants... Alors revenons aux essentiels en attendant car il n'y à rien d'autres à faire... et restons confinés pour l'instant.

 

Alors, prenez soin de vous et des vôtres...

Et toi ? Comment tu vas ?

 

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Commentaires

  • SoSophSophie
    • 1. SoSophSophie Le 02/04/2020
    Hello Mary . Comme toi, je suis partagée ! Des jours avec et des jours sans ! Chouette, je vais pouvoir enfin faire cette tache ménagère ...J'ai bien commencé...et arrêté .On verra demain ! Je me suis attardée sur d'autres choses plus distrayantes !!! J'aimerai adopter le flegme britannique … WAIT and SEE ! xx
    • Mary Leviandier
      • Mary LeviandierLe 04/04/2020
      Coucou Sophie, oui c'est loooooooooong !!!! Vivement que tout ça soit terminé ! Bon confinement et prend soin de toi,
  • Julie
    Ici, notre devise c'est "on avisera le moment venu"... On est en train de voir les frontières se fermer et plutôt que de stresser, on verra quand il sera temps de changer de pays. (On n'a pas forcément envie de rentrer en France, c'est plus la merde là-bas qu'en Thaïlande...) J'essaye aussi de calmer mon homme qui se documente un peu trop pour rester sain d'esprit. On reste confiants que ce soit pour nous ou nos proches en France.
    Et puis, ici, on est tous un peu dans le même bateau, du moins pour les étrangers. On a rencontré des anglais qui avaient prévu d'aller au Sri Lanka pour mater un match de criquet. C'est rapé pour eux. Du coup on compare les destinations possibles, les infos qu'on a selon nos passeports. C'est une ambiance vraiment bon enfant, c'est agréable en temps de crise ;)
    Prends soin de toi et de ta famille ;) Je t'envoie plein de bonnes ondes à base de piment et de riz ^^
    Des bisous
    • Mary Leviandier
      • Mary LeviandierLe 21/03/2020
      Prends soin de toi Ma jolie Julie... ici c'est vraiment bizarre, je suis partagée entre l'anxiété du lendemain et l'envie de profiter de chaque instant en essayant de me convaincre qu'il y aura des jours meilleurs... On vit du coup au jour le jour sans savoir. Bisous virtuelles !